Le taureau par les cornes

En 2005 et à quelques mois d'intervalle, Morvandiau apprend que sa mère souffre de démence fronto-temporale précoce, "une belle saloperie cousine d'Alzheimer", et que son fils Emile, qui vient de naître prématuré, est porteur de trisomie 21. Ces deux épreuves le travaillent, l'ébranlent, et font voler en éclat ses repères de fils et de père.

Ces événements sont à l'origine d'une très belle bande dessinée autobiographique hélas passée sous les radars (sortie peu de temps avant le confinement de mars 2020), Le Taureau par les cornes publié à L'Association.

Il a fallu de nombreuses années à l'auteur pour trouver le ton juste afin de déployer au mieux cette réflexion sur la filiation, faite d'allers retours entre la vie de sa mère et l'histoire familiale, ainsi que les instants partagés avec son fils Emile, qui n'a de cesse de le surprendre. Morvandiau évoque également la question de la différence, du handicap et de sa difficile prise en charge, avec une justesse d'écriture et un travail graphique noir et blanc élégant et jamais là où on l'attend.

Une bande dessinée qui réussit le tour de force d'être drôle et grave, touchante et éclairante mais qui s'avère surtout être une magnifique déclaration d'amour filial.