Le verger fertile des vertus

Madame du Verger a exercé, de son propre choix, le métier de gouvernante dans les meilleures maisons de Paris. C'est ce savoir acquis au prix de longues années d'expérience qu'elle a consigné dans Le Verger fertile des vertus. À sa mort, l'ouvrage a été revu et augmenté, avant d'être publié, par sa fille Philippe, épouse d'un procureur de la cour et gouvernante elle aussi.

Composé à la fin du seizième siècle, Le Verger fertile des vertus reflète l'évolution des mentalités, à la fois la sensibilité nouvelle à l'égard de l'enfant et un sens nouveau de la responsabilité des parents. Les dames du Verger écrivent dans une tradition éminemment masculine et en grande partie cléricale. En ce sens, elles jouent un rôle inaugural. Leur intérêt pour la petite enfance, celle de la fille en particulier, leur point de vue unique, ancré qu'il est dans leurs expériences personnelles, les placent à part.

Le Verger fertile des vertus se signale par son caractère mêlé, son style bigarré et l'abondance d'«ornements» qui montrent clairement la volonté d'inscrire le petit traité féminin de puériculture dans la tradition savante ainsi que la double intention des auteurs: plaire et instruire.

Cette édition critique reproduit le texte de l'exemplaire imprimé (Bibliothèque Mazarine 25001) de l'édition de 1595 (la seule que nous connaissions), accompagné de notes qui identifient les sources classiques et modernes, mais aussi bibliques et patristiques auxquelles les dames du Verger ont puisé. Une introduction substantielle donne un aperçu du climat socio-culturel et situe le texte par rapport aux grands courants littéraires et intellectuels. Suit un glossaire avec un index des noms propres et une bibliographie sélective. Pour finir, un répertoire des manuels d'éducation à l'usage des parents et des enfants, couvrant la période de 1502 à 1609, permet de mieux situer Le Verger fertile des vertus dans cette vaste production.