Légendes du cyclisme provençal

«Excusez-moi, Monsieur Coppi».

Son vélo à la main, Francis Anastasi, le «minot de la Capelette», qui a devancé le grand Fausto Coppi à l'arrivée du Milan - San Remo, vient timidement solliciter la clémence du campionissimo pour ce crime de lèse-majesté. C'était en mars 1954.

Un temps où le cyclisme provençal faisait la loi dans les pelotons et portait son image triomphante à travers la France et l'Europe.

De Lou Aimar, le roi de la piste et du chrono, Fernand Decanali, le champion olympique, à Guy Sibille et Marcel Tinazzi, les champions de France de 1976 et 1977, les Provençaux, enfants des quartiers populaires de Marseille ou des villes et villages du pays de Mistral et de Giono, ont été les héros d'aventures qui méritent le respect. Ils ont ouvert un chemin de légende sur un tapis de lauriers.

Ils ont creusé de leur sueur, des sillons inoubliables dans le sport et la société. Avec peu de moyens, un immense courage, guère de profit, ils avaient affirmé que la Bretagne n'était pas la seule terre où s'épanouissent les champions.

Durant des décennies, ces hommes au langage fleuri, ont su rêver et faire rêver. Des routes de Provence à celles du Tour.

Que reste-t-il aujourd'hui de cette épopée? Des hommes et des souvenirs. Éric Caritoux, le vigneron de Flassan, avait offert un créneau d'espérance dans les années 80 avec ses deux maillots tricolores et sa victoire dans le Tour d'Espagne. Nul n'a eu la force ou le talent de prendre sa roue et de proposer de nouveaux chapitres à l'histoire glorieuse du cyclisme provençal, laissant au seul Richard Virenque et à ses racines varoises le soin de rappeler que cette terre enfanta des champions et même un vainqueur du Tour de France, Lucien Aimar. Et qu'ils ont tous été inspirés par la passion, l'abnégation, la pugnacité et le caractère de René Vietto, l'inoubliable Roi René. Même si jamais il ne gagna le Tour...