Léo Ferré, l'enragé

Léo de Monaco a cessé de croire aux contes de fées lorsque ses parents l'ont envoyé en pension chez les Frères des écoles chrétiennes, à quelques kilomètres de la frontière italienne. Et à peine arrivé, Dieu lui a tourné le dos, par la perversité d'un vieux surveillant général. Aussi s'est-il construit en s'accrochant à la musique, à la poésie, aux femmes et à sa compassion pour les animaux. Toute sa vie à la fois très entouré et extrêmement seul, Léo Ferré fut un anarchiste en solo.

Portrait

L'oeuvre

Publié dès 1962 dans la collection «Poètes d'aujourd'hui» chez Seghers, Léo Ferré a fait reconnaître la chanson comme un art à part entière. Avec, il est vrai, des arguments de taille : La Vie d'artiste, Saint-Germain des Prés, Le Bateau espagnol, Poète... vos papiers ! Des cabarets du Quartier latin aux récitals à l'Olympia, de la Mutualité à la Fête de L'Humanité, un titre résume l'homme : La Mémoire et la mer, divagation lyrique et autobiographique que les aficionados placent au-dessus de tout. Ils ont raison.

L'entretien

«J'ai eu une chance formidable de vivre avec Léo Ferré», confie Marie-Christine Diaz, la dernière épouse du chanteur. Avec lui elle a partagé l'exil, les ancrages, les tournées. Mère des trois enfants de Léo Ferré, Mathieu, Marie-Cécile et Manuella, elle ne se livre que rarement. En juin, dans la maison familiale de San Donatino, en Toscane, elle a reçu, en exclusivité, le journaliste Ludovic Perrin.

Intransigeant, emporté, cinglant, Ferré n'a jamais mâché ses mots. Que ça plaise ou non, il balançait le fond de sa pensée. Le plus souvent en musique, parfois en sacrés coups de gueule. D'où d'innombrables ruptures, parfois violentes, qu'analysent Philippe Meyer ou Annie Butor, les brouilles avec les copains Maurice Frot et Patrick Ullmann - mais l'amitié finit par triompher -, et l'engagement inconditionnel des compagnons de route, les artistes Catherine Ribeiro et Bernard Lavilliers.

Débats et hommages