Les amours

Affreuse Deïté, Démon pasle & deffait,
Qu'on n'inuoque iamais qu'en vn tragique effet,
Où l'vnique salut est de n'en point attendre,
Desespoir ie t'inuoque au fort de mes malheurs, [...]
Auance toy, de grace, o fantosme inhumain !
Fais un traict de pitié d'vne barbare main,
Et produis mon repos en finissant ma vie ; [...]
Sur vn ruisseau de sang qui coule sous tes pas,
L'image du despit, & celle du trespas
Brauent le sort iniuste, & la rigueur indigne ;
Et me monstrant les maux que ie dois esprouuer,
La honte & la colere a l'enuy me font signe
Qu'il faut que ie me perde afin de me sauuer.
(Le Désespoir.)

Le recueil des Amours, donné intégralement, et un vaste choix puisé parmi d'autres titres illustrent l'oeuvre de Tristan L'Hermite (1601-1655), séducteur précieux, aventurier, constamment infortuné, sinon en galanterie ou en rimes, du moins dans son statut de poëte négligé de ses protecteurs. La désolation et l'effroi environnent ses plus beaux tourments ; il sait penser le plaisir et la mort volontaire.