Les cathares

Au début du XIII^e siècle et durant près de cent ans l'Eglise catholique romaine mit en branle une formidable machine exterminatrice particulièrement sur ces terres du Languedoc, du Toulousain et de l'Agenais. Contrées où fleurissait au sein d'une civilisation marquée par l'art raffiné des troubadours et les apports culturels divers de la Méditerranée juive et arabe, une spiritualité chrétienne laïque solidement enracinée dans la lecture assidue de l'Ancien et du Nouveau testament.

Les massacres massifs des populations du midi perpétrés par les croisés bénis par le pape qui indiqua <>, les bûchers allumés par les tribunaux de l'Inquisition, effacèrent les traces repérables de ces chrétiens que le peuple occitan désignait sous le nom de Bons-Hommes et de Bonnes-Femmes, mais que l'histoire, l'imaginaire collectif et le tourisme moderne nomment <>.

Paradoxalement l'image de cette Eglise éphémère demeure confondue avec les marques visibles : ces châteaux dits cathares qui le plus souvent ont été dressés par les soudards et les barons de l'armée levée par le pape et le roi de France. Mais l'Esprit parfois triomphe, discrètement certes, de cette matière qui constitue la chape coulée par les bourreaux sur les cendres des vaincus : ainsi des manuscrits de théologie, des rituels cathares souvent rédigés en langue occitane sont découverts dissimulés dans des bibliothéques-refuges, pieusement conservés par d'autres proscrits, vaudois, huguenots, qui offrirent un asile à ces véritables trésors spirituels.

Ces écritures cathares dans une main, nous mettrons nos pas dans le sillage en partie estompé des Bons-Hommes et Bonnes-Femmes, sous l'oeil inquiétant des citadelles guerrières, nous découvrirons un village enfoui, humble trace d'une église qui ne fut ni de pierre ni de bois, des chemins et des paysages composant un univers intérieur que des hommes et des femmes d'un XX^e siècle finissant peuvent contempler : un trésor est là caché mais lumineux.