Les écailles du pas

«Rien n'est encore dit de toute cette nuit qui tait le monde dans l'infernal bruit de ton silence. Rien ne s'est écrit de tout ce sang qui teint le temps du risque de l'absence».

Questionnement souvent douloureux sur l'identité du Tout et du Rien.

C'est le fil rouge d'une vie qui s'exprime en des mots essentiels que le poète «jette à pleine peine» aux seuls témoins visibles de ses chemins : «l'arbre noué à sa solitude», «le ventre vif du regard intérieur», «la frilosité de l'être qui s'emmaillote de l'attente».

Qui répondra au terme du voyage ? Y aura-t-il âme qui vive ?

Si Isabelle Poncet-Rimaud met au défi sa semblable de l'Histoire Sainte - Véronique - de choisir entre le voile et l'ange, le lecteur décèlera une tentation de réponse dans les poèmes de haut amour de ce livre. Les écailles du pas : «Je marche à l'envers de moi, au hasard de moi» : la traversée ne manque ni d'audace ni de sincérité. Elle fait voler en éclats quelques tabous qui ont toujours longues racines.

Mais on retrouvera aussi «si proches au coeur l'instant et les années passées» d'Isabelle dont l'écriture a gardé la dimension sensuelle de celle qui «s'humecte les lèvres s'étirant d'aise dans la lente saveur du monde».

Jean Dumortier