Le cas de la Côte d'Ivoire

Le rapport de la Côte d'Ivoire à la question de l'intégration régionale demeure d'une grande actualité. De par sa situation de pays côtier, de par ses potentialités économiques, de par son histoire politique dominée pendant plus de trente ans par la figure d'Houphouët-Boigny, la Côte d'Ivoire est en effet un pays phare de l'Afrique de l'Ouest.

La Côte d'Ivoire est aussi, de longue date, une terre d'immigration. Elle compte une importante population immigrée qui la singularise des autres pays de la sous-région. Cette communauté a des emplois et elle en contrôle des pans entiers. L'intégration des étrangers à la communauté nationale est une réalité qui se vit au quotidien. Pourtant, bien qu'avant tout ivoiro-ivoiriennes, les crises récurrentes qu'a connues le pays (décembre 1993, décembre 1999 et septembre 2002) ont fini par glisser sur le terrain de l'immigration et de l'identité. La cause en est sans doute la difficulté de gérer la succession d'un régime politique stable et d'assumer les suites du long règne d'un président charismatique.

Par son ampleur, la dernière crise, politico-militaire, a fait prendre conscience aux Ivoiriens de l'importance de leurs liens séculaires avec les pays voisins. Cela explique que ce soit à Ouagadougou, capitale d'un pays lié par son histoire à la Côte d'Ivoire et fournisseur principal de main-d'oeuvre pour les plantations du Sud, que la réconciliation entre l'État et les Forces Nouvelles a été scellée. Cela explique aussi l'engagement des autorités ivoiriennes pour une politique d'intégration régionale, en dépit des controverses autour du débat interne sur l'ivoirité.

Le séminaire national tenu à Abidjan en 2007, qui est à la base des contributions de cet ouvrage, a aussi permis un dialogue interne entre Ivoiriens autour de la notion des identités plurielles de la Côte d'Ivoire en rapport avec la citoyenneté. Il a également donné lieu à un dialogue externe entre Ivoiriens et participants des pays voisins sur la crise et ses espoirs de solutions.