Les hommes libres

« On ne retourne pas beaucoup sur les quais depuis qu'on est en retraite. J'évite d'y aller en fait. » Celui qui parle ainsi est un ancien docker. Le port, il l'a connu grouillant de vie, peuplé de cris, de rigolades et de coups de gueules. Le port, il l'a connu solide puis inadapté aux mutations frappant le transport maritime, et périclitant. H a vu disparaître le trafic des primeurs, se vider le hangar à bananes, l'activité se transférer en aval, à Saint-Nazaire et Montoir. Il a traversé les plans sociaux, vu partir les copains.

Le port de Nantes se meurt, disent certains. H recherche un second souffle, disent d'autres. Jadis, des centaines de dockers peuplaient les quais. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une poignée à faire le métier. Ce livre n'est pas un livre d'histoire. Il évoque un univers révolu. Il a le goût de la nostalgie, de la tendresse, de la tristesse et des rires. Car à Nantes, au coeur de la ville, ne restent plus que des vestiges : le touriste, le badaud, le fêtard ont remplacé le docker au hangar à bananes et sur le quai Wilson.

Ce livre est le fruit d'une collaboration entre Christophe Patillon du Centre d'histoire du travail, et les dockers retraités du port de Nantes.