Les îles Saint-Marcouf

Au large de la côte est du Cotentin, les îles Saint-Marcouf sont les seules îles de la Baie de Seine. Tout d'abord désertiques, elles apparaissent dans notre histoire lorsque Marcouf évangélise le Cotentin et vient y faire retraite, loin du tumulte du monde. Les pirates et autres gens de mer peu recommandables vont fréquenter ces parages avant que les Anglais et les Chouans s'y installent pendant la Révolution et entravent la navigation entre Cherbourg et le Havre.

En 1802, Napoléon ordonne la construction d'une imposante tour défensive. Jusqu'à 500 hommes vivront sur ces deux îles minuscules, harcelés par les Anglais.

Au XX^e siècle, les îles perdent leur intérêt stratégique et sont laissées, peu à peu à l'abandon. Seuls, de modernes Robinson y font de courts séjours tandis que l'île de Terre est classée réserve ornithologique.

C'est l'histoire mouvementée de ce petit archipel que nous conte Edmond Thin, il nous fait également découvrir les conditions de navigation à l'approche des îles, leur état actuel ainsi que la réserve ornithologique et les espèces qu'on peut y observer.

A l'exception de plaisanciers ou d'ornithologues locaux, les Français ignorent les îles Saint-Marcouf et leur principale curiosité: le fort. Aujourd'hui inhabité, peu visible depuis le littoral, le monument ne manque cependant pas d'intérêt. Protégé par des fortifications qui s'étendent sur la majeure partie de l'île du Large, un bâtiment circulaire comprenant deux étages de canons et une caserne destinée à abriter une garnison de trois cents hommes constitue un des ouvrages défensifs les plus spéctaculaires de notre patrimoine militaire.

Dans la cour intérieure, deux remarquables escaliers à vis de plus de treize mètres de hauteur sont hélas éboulés, vandalisés à la fin de la guerre par l'occupant.

Originaire de Saint-Vaast-la-Hougue, auteur de nombreux travaux consacrés à la Normandie, spécialiste de l'histroire maritime, Edmond Thin retrace aujourd'hui l'histoire de ces îlots, lieu de retraite et de prière d'abord, «pied à terre» de l'ennemi anglais au XVIII^e siècle, avant que ne soit entreprise, de 1802 à 1867, la construction de ce fort qui ne devait jamais servir!

Aujourd'hui il y a danger, insidieusement mais rapidement, les édifices périphériques sont attaqués et ébréchés par la mer. Le petit port et les digues de protection sont, faute d'avoir reçu un minimum d'entretien, déjà en partie détruits et le très intéressant ouvrage d'Edmond Thin, «Les Iles Saint-Marcouf», constitue un état des lieux qui, je l'espère, contribuera à faire prendre conscience à tous les acteurs de notre patrimoine de l'urgente nécessité d'intervenir afin que ce site unique soit, au moins, conservé dans l'état.

Gérard d'Aboville