Les larmes des Polonaises

1922. Cet hiver-là, Maria Duszenka, vingt ans, débarque avec son bébé en gare de Montceau-les-Mines dans le flot d'immigrants polonais embauchés par les Houillères. Son oncle, sa tante et leurs cinq enfants l'accueillent dans leur humble logement de la cité ouvrière réservée aux Polonais. Pour Maria, c'est inespéré : loin de sa chère Pologne, loin de Tadeusz, le père de sa petite Hanna, un foyer débordant de tendresse et un emploi de trieuse de charbon lui sont offerts, à elle, la fille-mère. La vie l'emmènera chez les métallos du Creusot, tandis que la France vibrera des tumultes de la guerre et des grandes grèves du Charbon et du Fer.

Le roman de toutes les femmes de mineurs, polonaises ou françaises.

Janek se sentait heureux comme un gamin. Le premier train du matin pour Montceau s'apprêtait à quitter la gare du Creusot. Il s'était fait beau, pour Pâques et pour Maria. Une chemise blanche bien repassée sous sa veste, des souliers bien cirés, une casquette soigneusement époussetée, il s'était même passé un peu de sentibon dans le cou et sur le torse pour chasser de lui toutes les odeurs de la Grande Forge, de la sueur et de la ferraille, puis il avait jeté un dernier coup d'oeil dans le bout de miroir accroché au mur de sa chambre.