Rayon Orfèvrerie, joaillerie, horlogerie d'art
Les orfèvres de basse Bretagne : dictionnaire des poinçons de l'orfèvrerie française

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : XXXV-439 pages
Poids : 2232 g
Dimensions : 22cm X 28cm
EAN : 9782905064202

Les orfèvres de basse Bretagne

dictionnaire des poinçons de l'orfèvrerie française

Chez APIB

Collection(s) | Cahiers du patrimoine
Paru le
Broché XXXV-439 pages
avec la collaboration de Jacques Berroyer, Stéphane Caroff, Colette Dréan
photographies Guy Arthur, Norbert Lambart
Public motivé

Quatrième de couverture

A l'image de l'exceptionnelle richesse du patrimoine architectural et mobilier, l'ensemble des 1 100 pièces d'orfèvrerie recensées en basse Bretagne par l'Inventaire général, sans doute l'un des plus importants de France, étonne par sa qualité et sa diversité.

Fleurons de cet art fastueux entre tous qu'est l'orfèvrerie, les multiples reliquaires morphologiques des XIVe, XVe et XVIe siècles, chefs, bras, jambes et doigts, transmettent au fidèle et à l'historien, en même temps que la présence des corps saints, les mythes fondateurs de la culture bretonne ; les chapelles et pupitres-reliquaires, objets petits et raffinés, imprégnés par la création architecturale contemporaine, traduisent le rayonnement des arts, encouragé par la dynastie victorieuse des Montfort. Sur les pièces gothiques d'une sobre élégance ou celles plus somptueuses de la Renaissance, apparaissent les premiers poinçons bretons.

Parmi les 550 orfèvres recensés dans le Dictionnaire du présent ouvrage, les noms des lignées célèbres de la Cornouaille et du Léon côtoient ceux moins connus du Trégor et du Vannetais. Leurs biographies rédigées à l'aide de pièces d'archives inédites font ainsi ressurgir tout un pan de l'histoire sociale de la Bretagne d'Ancien Régime.

Plus de 500 poinçons apportent désormais aux chercheurs et collectionneurs un outil de référence indispensable. Enfin le catalogue des 364 oeuvres publiées ici, quasi exhaustif pour le Moyen Age et la Renaissance, s'est efforcé de choisir, dans le fonds très riche des XVIIe et XVIIIe siècles les pièces les plus représentatives de leur époque ou les plus exceptionnelles, en mettant l'accent sur l'originalité des créations de basse Bretagne dont témoignent, entre autres, les coupes de mariages et les croix de procession finistériennes, emblèmes personnels ou collectifs d'une société rurale à son apogée.

25 mars 1969

(...)

En même temps qu'il complète nos connaissances, il [l'inventaire] suggère une mise en question sans précédent des valeurs sur lesquelles ces connaissances se fondent. Les objets d'archéologie peuvent être définis en tant que témoins. On les rassemble selon des méthodes d'ordre scientifique, ou qui tentent de l'être. L'inscription inconnue rejoint l'inscription connue, et le morceau d'architrave, la colonne mutilée. Il n'en va pas de même des oeuvres d'art. Au musée, dans notre mémoire, dans nos inventaires, l'objet inconnu, depuis un siècle, rejoint moins l'objet connu que l'oeuvre dédaignée ne rejoint l'oeuvre admirée. L'inventaire qui rassemblait les statues romaines de Provence n'était pas de même nature que celui qui leur ajoute les têtes de Roquepertuse et d'Entremont.

Il ne s'agit pas seulement d'une "évolution du goût". (Evolution d'ailleurs troublante, comme celle de la mode, car nul n'a expliqué ce qui pousse les hommes à être barbus sous Agamemnon, Henri IV et Fallières et rasés sous Alexandre ou Louis XV). Ce n'est pas seulement le goût qui, dans les inventaires, ajoute les statues romanes aux statues romaines, et les oeuvres gothiques aux oeuvres romanes avant de leur ajouter les têtes d'Entremont. Mais ce ne sont pas non plus les découvertes, car les oeuvres gothiques n'étaient point inconnues : elles n'étaient qu'invisibles. Les hommes qui recouvrirent le tympan d'Autun ne le voyaient pas, du moins en tant qu'oeuvre d'art. Pour que l'oeuvre soit inventoriée, il faut qu'elle soit devenue visible. Et elle n'échappe pas à la nuit par la lumière qui l'éclaire comme elle éclaire les roches, mais par les valeurs qui l'éclairent comme elles ont toujours éclairé les formes délivrées de la confusion universelle. Tout inventaire artistique est ordonné par des valeurs ; il n'est pas le résultat d'une énumération, mais d'un filtrage.

Nous écartons, nous aussi, les oeuvres que nous ne voyons pas. Mais que nous puissions ne pas les voir, nous le savons, et sommes les premiers à le savoir ; et nous connaissons le piège de l'idée de maladresse. Si bien que nous ne tentons plus un inventaire des formes conduit par la valeur connue : beauté, expression, etc. qui orientait la recherche ou la résurrection, mais, à quelques égards, le contraire : pour la première fois, la recherche, devenue son objet propre, fait de l'art une valeur à découvrir, l'objet d'une question fondamentale.

Et c'est pourquoi nous espérons mener à bien ce qui ne put l'être pendant cent cinquante ans : l'inventaire des richesses artistiques de la France est devenu une aventure de l'esprit.

André Malrauxa

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