Les pierres qui parlent

Les ouvrages du "Canal du Languedoc", à travers les siècles, portent témoignage de notre passé. Toujours en service, appelé aujourd'hui "Canal du Midi", il fait partie de notre patrimoine environnemental. Témoins vivaces d'une glorieuse destinée, ses ouvrages hydrauliques nous rappelent l'ingéniosité technologique de ces hommes du XVIIème siècle. Preuves incontestables d'un art conçu et laissé à la postérité, au seul besoin d'une navigation intérieure de cette époque. Marques indélébiles qui nous parlent de ces techniques nouvelles gravées dans la pierre taillée.

Le Canal du Languedoc est représentatif de l'éclosion technologique qui a ouvert la voie à la révolution industrielle et à la technologie contemporaine. Il associe à l'innovation des variétés d'ouvrages d'arts un grand souci esthétique tant architectural qu'à l'égard des paysages créés ; approche que l'on retrouve rarement ailleurs. Ouvrages faits de pierres qui parlent et attestent, par les formes données, par la patience d'exécution, le plus profond de l'âme du tailleur. Sculptures quasi éternelles, taillées de sueur et d'amour, qui ne lassent pas le regard. Pierres qui furent modelées de la main du tâcheron, pour former pilier ou clé de voûte de pont, feuillure ronde ou éperon d'écluse, ou encore coulisse à batardeau ou autre seuil d'écoulement. Comme le soc de la charrue, strie après strie, le tailleur a fécondé chaque sillon pour y déposer une graine de vie immortelle.

C'est en spécialiste que l'auteur nous conte l'extraordinaire aventure et nous convie à ce voyage à travers le temps. Mais c'est, non moins, en observateur ému, enthousiaste, qu'il communique au lecteur un intérêt qui, de journée en journée, va croissant. Qui ne se prendrait alors à rêver au fil de l'eau, sous l'ombrage des vertes frondaisons qui s'y reflètent ? En fredonnant "le chaland qui passe" ou le sensible "Toulouse" de Nougaro où il évoque, ému lui aussi, le "Canal du Midi".

"Les pierres qui parlent" est l'évocation historique depuis les péripéties du premier captage de la rivière d'Alzeau, à la réception officielle du Canal du Languedoc, en juillet 1684.

Marcel Seguier