Les portraits sculptés de Romains en Grèce et en Italie de Cynoscéphales à Actium (197-31 av. J.-C.)

L'art du portrait sculpté constitue un mode privilégié pour l'expression des valeurs des classes dirigeantes dans l'Antiquité gréco-romaine. L'acclimatation de l'art grec en Italie romaine après la seconde guerre de Macédoine, en fait un reflet assez fidèle des changements provoqués par la conquête de l'Orient hellénistique dans la société romaine, comme dans la vie politique et culturelle. Cette «seconde hellénisation» de Rome méritait donc d'être abordée sous cet angle particulier.

Pourtant, le phénomène du portrait à partir du 2^e siècle ne se borne pas à une simple récupération par les élites romaines de l'iconographie hellénistique, royale ou privée. Dès avant la conquête, des Italiens avaient pris pied dans le monde grec et avaient pu apprécier ce mode d'expression. Il convenait donc de se demander si la présence romaine dans la Méditerranée orientale n'avait pas, de son côté, donné lieu à une variante particulière du portrait hellénistique. En d'autres termes, le portrait sculpté accuse-t-il des différences significatives dans le traitement des mêmes groupes humains, selon qu'il provient du monde grec ou de l'Italie romaine du 2^e et du 1^er siècle ?

C'est donc d'une part dans le cadre de leur développement régional et d'autre part dans une perspective d'échange d'influences entre l'Italie romaine et le monde grec que l'on a voulu aborder cette question délicate du portrait républicain, considéré par certains comme une décadence artistique, par d'autres comme un avatar de l'art tardo-hellénistique, par d'autres enfin comme une vigoureuse revendication de romanité. Les pièces ont été étudiées, classées et confrontées en fonction de leur provenance et de leur datation, de leurs caractéristiques typologiques et stylistiques ; mais on s'est aussi interrogé, à propos des séries ainsi constituées, sur leur valeur de témoignage, de produit d'une évolution historique, politique ou sociale, d'un milieu ou d'une région.