Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 566 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-503-52313-2
EAN : 9782503523132
Les prophéties de Merlin et la culture politique (XIIe-XVIe siècle)
Quatrième de couverture
Centre d'études supérieures de civilisation médiévale
Du XIIe au XVIe siècle, les prophéties de Merlin ont su convaincre les puissants comme les plus humbles. L'historicité du devin n'a longtemps laissé aucun doute. Myrddin pour les Gallois, Lailoken pour les Écossais, Suibhne pour les Irlandais, comment, celui que Geoffroy de Monmouth a nommé Merlin, parvient-il à devenir le prophète des cités d'Italie et des royaumes d'Espagne, à désigner l'Antéchrist et à connaître la date de la fin du Grand Schisme ? Merlin incarne d'abord le prophète des Bretons, peuple opprimé par les invasions saxonnes, et qui attend sa délivrance annoncée par la prophétie dite de l'espoir breton. Les prophéties de Merlin suscitent un profond intérêt en Angleterre lorsque Geoffroy de Monmouth affirme les avoir traduites, à la demande de ses contemporains. Le succès ne se fait pas attendre. Chacun veut connaître le sens des prophéties que Geoffroy n'a pas donné. Les plus grands personnages se cachent souvent sous le masque animalier cher à la tradition celtique. Depuis les invasions saxonnes, annoncées par la défaite du dragon rouge contre le dragon blanc, c'est toute l'histoire de l'Angleterre qui se retrouve dans les prophéties du devin : la conquête normande, celle du peuple en tuniques de fer venu chasser les barbares, le naufrage des enfants d'Henri Ier transformés en poissons de mer, le remariage d'Aliénor d'Aquitaine, l'aigle du traité rompu, la révolte des fils d'Henri II, les petits de l'animal rugissant... Les monarques d'Angleterre sauront s'approprier jusqu'à l'espoir breton en prétendant refaire l'union de l'île au nom d'Arthur, leur prédécesseur. Cependant, le succès dépasse vite le cadre de la Grande-Bretagne. Le devin qui était censé avoir prédit la fin du monde, pouvait bien prophétiser le sort de n'importe quel royaume, d'autant qu'il était facile de renverser le sens de ses prophéties énigmatiques. Ainsi, Merlin est invoqué par les partisans comme par les détracteurs de l'empereur Frédéric II. La France se laisse aussi séduire, particulièrement pendant la guerre de Cent ans : Merlin a su deviner la venue de Du Guesclin, l'aigle de Petite Bretagne, ainsi que celle de Jeanne d'Arc, la fille du Bois Chenu. Les rumeurs populaires montrent que les prédictions du devin, loin de ne concerner que les cénacles, ont trouvé les moyens de circuler jusqu'au fin fond des campagnes. La force des traditions orales comme l'ingéniosité des commentateurs au service d'une propagande ont su faire vivre pendant des siècles l'inépuisable corpus des prophéties de Merlin.