Les relations entre les sociétés du sud de la Côte d'Ivoire et la France

Ce livre est une étude des trajectoires économiques observées dans l'espace lagunaire du Sud ivoirien et mettant en confrontation les Français et les acteurs locaux. Il examine l'intrusion de certaines forces étrangères, les péripéties, les rythmes et les inflexions des relations commerciales pratiquées dans le bassin occidental de l'Ebrié entre 1830 et 1909. Plus particulièrement, la rivalité entre la France et l'Angleterre qui a essayé, dans le respect des décisions du Congrès de Berlin, de mettre en difficulté la position de sa concurrente dans ses rapports économiques avec les populations locales. L'accent est mis sur les succès et les échecs rencontrés par les milieux économiques et militaires français durant les premiers moments de son déploiement dans le sud lagunaire du territoire qui va porter le nom de Côte d'Ivoire.

Face aux villages et communautés hostiles qui s'attaquent à leurs positions, parfois équipées de fusils achetés aux Anglais, établis en Gold Coast, la France s'est signalée par l'organisation de répressions sauvages : bombardements et incendies d'habitations, enlèvements et prises d'otages, exactions, abus et impositions d'amendes engendrant la paupérisation. C'est par le recours à des techniques administratives fiscales, militaires et idéologiques, et par la signature de traités de paix que la France est parvenue à imposer sa volonté sur le bassin lagunaire. L'imposition du Franc, comme unique volant régulateur des échanges, la construction de plusieurs postes de douane pour contrôler le flux des marchandises, l'instauration du régime de l'impôt de capitation, la multiplication de l'offre scolaire et le contrôle des âmes par la religion catholique ont fini par venir à bout de la résistance des populations du Sud lagunaire devenu le poumon économique de la Côte d'Ivoire.