Les yeux blessés de Marie Jeanne

Un jour, Louis Arti découvre ce village du Nord de la Corse. Bien qu'il n'y ait jamais vécu, un vieil homme le reconnaît... La carrure, la veste en velours, le chapeau, sont des signes...

Revisiter cette région, la Castaniccia, en évoquant la vie d'un ancien couple de bergers... Y apprendre, par les chemins de montagne, que Dominique André se comporte avec Marie Jeanne en tortionnaire. Qu'il l'enferme nue dans des grottes gelées, ou bien qu'il la charge de bois comme un âne. Mais... Qu'elle devienne la première femme osant tourner le dos à la « loi des hommes » - loi, d'ailleurs, gérée par une vieille dame, la Noncia Maria.

Que Marie Jeanne décide de laisser ses bêtes ; comme ses quatre enfants... Qu'elle parte avec ses deux bébés dans ses bras. Qu'elle traverse la mer en pleine guerre de 14-18, jusqu'à l'Algérie ; soit. Elle, restera illettrée toute sa vie, faisant des ménages chez les riches. Lui, voudra apprendre...

Avec une femme qu'il va dompter ? Non. Celle-là, institutrice, le soumet à l'étude. Ainsi, à l'âge de soixante ans, il réalise son rêve : lire et écrire ! Aussitôt, il envoie une lettre de pardon, à celle qu'il ne reverra, néanmoins, jamais plus.

Les yeux blessés de Marie Jeanne, sont ceux d'une personne intuitive libre et travailleuse. Alors que lui, coureur de femmes et calculateur... La bagarre et la politique font un tout qui le rendent populaire ; quand le dévouement et la tendresse font d'elle une exclue.

Le vieux Corse qui accueille Louis Arti, lui raconte l'histoire de Marie Jeanne, sa grand-mère - qui vivait avec un homme costaud portant veste en velours et chapeau... Dans un autre village, un jeune apprenti berger, la connaît aussi, cette histoire. Les hommes de la Castaniccia, n'ont pas jugé la bergère, pensant qu'elle n'avait pas tort de partir. Mais, aucune trace d'elle ne subsistera... Si ce n'est qu'ils en feront une fable.