Rayon Christianisme
Lettres spirituelles (1683-1686). L'édit du pur amour

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 512 pages
Poids : 570 g
Dimensions : 13cm X 20cm
EAN : 9782841371037

L'édit du pur amour


Collection(s) | Atopia
Paru le
Broché 512 pages

Quatrième de couverture

Les «Lettres spirituelles» inédites d'Alexandre Piny, théologien dominicain, aux religieuses annonciades de St-Eutrope près Arpajon, sont d'écriture rugueuse, et sans aménité. De toute sévérité, elles ne traitent que d'un seul sujet : l'amour pur, ses conditions, sa logique, ses accomplissements. Près de vingt ans avant Fénelon et la pleine émergence de la querelle du quiétisme, Piny avait rédigé une huitaine d'ouvrages concernant ce seul thème, et cette seule question : comment entrer en amour pur, comment s'y maintenir, jusqu'où en déployer la formule. Le pur amour pinien s'énonce comme rapport entre deux ordres d'extrême violence. Deux registres de haine sans rachat. Haine de l'amour-propre, cette identité recluse en soi, qu'il convient de radicalement ruiner. Et, dans le vertige de l'illumination de François de Sales, cette prescience de sa damnation, qui vaudra haine de Dieu dans l'éternité, étant voué à l'enfer. Le pur amour «joue» entre ces deux bordures de haine, qu'il met en relation paradoxale : étrange posture en effet, que cette pureté d'aimer, qui suppose le désastre de la créature et la perte de dieu à son terme.

Piny est auteur singulier, mais aussi bien héritier de tout un argumentaire qui court au long des siècles, en rupture avec le paradigme de la charité tel que le christianisme l'a formulé jusqu'à la dérision. A partir des auteurs marquants du XVIIe, se restaure la continuité clandestine de l'énoncé d'amour pur comme rapport social entre deux haines. Impératif catégorique, il se dit comme «loi», qui suppose science de soi, et d'autrui. En ce sens, il participe au bouleversement contemporain des principes de la connaissance, qui légitiment l'usage de la notion de loi comme rapport nécessaire entre choses définitivement désenchantées et nues. De la même façon, la «société du pur amour», telle qu'on peut l'analyser au travers des destinataires de cette correspondance, marque l'affaiblissement du rôle des gens de finances, actifs dans les premières décennies du siècle et les réseaux de la mystique abstraite, désormais remplacés par les grands commis de l'Etat, hommes du pouvoir, en son centre ou à ses marges, mais toujours à la source même de la loi. Le pour amour vaut édit : verbe venu à son impératif, raison d'un rapport social entre sujets délestés de leur moi et de leur dieu.

D. Vidal

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