Louise Weiss

La « grand-mère de l'Europe »

Bien que née à Arras, Louise Weiss (1893-1983) est issue d'une très ancienne famille du nord de l'Alsace. Celle qui deviendra la première Française députée européenne a longtemps évolué dans un monde qui ne connaissait pas encore le vote des femmes. Femme de presse et d'influence, féministe, pacifiste, cinéaste dévoreuse d'horizons lointains, Louise Weiss a pleinement vécu son siècle.

Pionnière de la première heure de l'idée européenne et à la pointe de la lutte pour le droit de vote des Françaises, Louise Weiss a côtoyé toute sa vie « les grands bâtisseurs de l'idée européenne » : Aristide Briand, Jean Monnet, Robert Schuman... Ses plus belles années furent d'ailleurs mises au service de l'Europe, notamment grâce à son oeuvre de journaliste et d'animatrice de L'Europe nouvelle, un très influent hebdomadaire qui traitait des questions économiques, diplomatiques et littéraires et dont les articles étaient signés des plus grands noms du monde politique et universitaire. En 800 numéros et plus de 30 000 pages, L'Europe nouvelle a contribué à l'éducation européenne des peuples et oeuvré à leur rapprochement.

Et en 1979, au soir d'une vie marquée par les hécatombes de deux guerres mondiales, elle prononçait à Strasbourg - en tant que doyenne de la nouvelle assemblée - le discours d'ouverture du premier Parlement européen élu au suffrage universel dans la capitale alsacienne, ville symbole de la réconciliation franco-allemande. Sa longue croisade pour la paix trouvait là - cinquante ans après la faillite de la Société des Nations dans le conflit de la Seconde Guerre mondiale - un tardif mais brillant aboutissement. Pour elle, la paix était désormais indissociable de l'organisation de l'Europe.