Mariés !

Sur le mariage, sur la vie conjugale, sur l'amour et ses désillusions, sur les fortunes et les infortunes des couples, voici l'oeuvre la plus fameuse de Strindberg, quarante récits, une allégresse féroce et, d'entrée de jeu, des préfaces qui claquent comme des avertissements :

"Le mariage repose donc sur une absurdité. L'un évolue dans une direction, l'autre dans le sens opposé, et ça craque. Ou bien, un des deux ne bouge pas, l'autre évolue, et ça se disloque. Le désaccord entre les époux peut naître du fait que deux esprits forts se rencontrent et découvrent que tout compromis est impossible, à moins que l'autre partenaire ne se rende, et, dans ce cas-là, ils finissent par haïr le lien qui les unit. S'ils étaient libres, ils feraient des concessions ; mais ils ne veulent pas, car ce serait renoncer à leur personnalité. Finalement, ils peuvent en arriver au point où ils détestent les pensées de l'autre, intuitivement, par instinct de conservation, pour ne pas mêler leurs personnalités, et cela devient un besoin de contredire l'autre, puisque c'est une garantie pour que chacun puisse garder son intégrité et ses pensées."

"Quand le Christ fut à la mode et devint une puissance, les femmes commencèrent à réfléchir à la façon dont elles pouvaient l'exploiter ou le détrôner !

Elles ne pouvaient se servir de lui, car il était misogyne, et pour cette raison, elles le destituèrent. Comme il n'avait pas d'épouse, elles ne purent élever celle-ci tout en abaissant le mari. Elles se creusèrent la tête pendant quatre cents ans, et elles finirent pas trouver. Elles prirent sa mère, l'épouse du charpentier, et firent d'elle "la Mère de Dieu". Puisque Jésus était le fils de Dieu, la mère de Dieu était la grand-mère de Jésus. Il fallait le cerveau d'une femme pour arriver à ça."