Mémoires

Mémoires

« Le jour funeste de la séparation étant venu, le Roi, qui avait été absent quelques jours et à qui on avait tout caché, vint comme par un fait exprès et se trouva lorsque mademoiselle Mancini montait en carrosse ; jugeant bien son éloignement, auquel il n'aurait pu remédier, il pleura amèrement. Ses pleurs, qui l'instruisirent du malheur qui la suivait, firent qu'elle lui dit, aussi fâchée que lui l'était : "Je pars, vous pleurez, et vous êtes roi !" Et, se tournant du côté du cocher : "Fouette tes chevaux et me mène grand train, ne me convenant pas de rester sous la domination d'un prince qui ne connaît pas son autorité."

Tous ceux qui furent témoins de son départ furent tout à fait pénétrés de son tour d'esprit et du peu de fermeté du Roi sur le compte d'une personne qui en avait tant et qu'on eût aimée pour sa vivacité.

Ainsi se passèrent les amours du Roi et de mademoiselle de Mancini.