Mes gaillards

C'est un dialogue de sourds entre un chef et sa bande armée partis raser le paysage, les châteaux, les maisons, les gens, les objets, tout, tout, tout, afin que tout soit plat. C'est un travail. Il irait sans doute plus vite, et les meurtres, les viols, les ruines se passeraient sans doute dans un bien meilleur esprit si le chef comprenait un peu ses hommes, s'il leur parlait, s'il leur répondait, s'il ne les confondait pas avec le travail entrepris, avec le paysage, s'il ne les prenait pas non plus pour cible et ne les pourfendait les uns après les autres. Que veut le chef, à la fin ? Que veut-il ?

Ces meurtres répétitifs faussent, on le comprend, le dialogue. La troupe des gaillards mincit. Et ces entretiens sans cesse ajournés, ces questions sans réponses, ces interventions de gaillards parfois poétiques même ont lieu sur le fond de bombardements, d'explosions, de cris, de fracas, de tirs, d'éboulements et le bruit incessant des chenilles de tanks couplé au lourd passage des bulldozers et à l'écrasement de toutes choses. Mais que veut le chef ? Il se retrouvera seul.