Mkaya Bacar

Mkaya Bacar, la sage-femme au coeur d'or

Peu de femmes osaient parler ouvertement des violences sexuelles commises sur leurs enfants ; elles se taisaient comme le sourd-muet qui souffrait en silence sans pouvoir se lamenter. Elles craignaient d'éveiller la curiosité d'un voisinage friand de cancans et autres médisances, d'être jetées en pâture aux puritains (j'ignore le sens de cette expression). Au domicile de Madame Mkaya, il régnait une ambiance très joyeuse, notamment au vu de toutes ces femmes, voisines ou étrangères, souvent accompagnées de leurs enfants victimes des plus vils sévices, au milieu d'un accueil chaleureux qui effaçait les larmes. Il soufflait un air divin qui poussait les patientes à se parler entre elles et à se confier sans peur d'être trahie ; elles se séchaient les larmes, et bientôt la joie grandissait peu à peu, lorsque Mdzadza Mariama allait apparaître sur le seuil de sa porte. Sa voix rassurante et chaleureuse retentissait et saluait l'assistance, tandis que ses mains chaleureuses cajolaient une à une les joues de ces innocentes petites filles, brisées dans leur chair d'enfant ; on entendait aussi des cris d'enfants troublés dans leur sommeil.