Moissac

Quoi qu'il en soit, ces premières décennies du XII^e siècle correspondent bien à une phase d'essor décisif de la sculpture romane, particulièrement en ce qui concerne les portails. Évoquons ainsi, pour en rester au Sud-Ouest de la France, les magnifiques exemples de Toulouse, Beaulieu ou Carennac, de même que celui de Souillac où se perçoit sans doute l'écho le plus direct de Moissac dans le traitement du trumeau. C'étaient là de véritables « affiches », à l'abord des sanctuaires que fréquentaient les pèlerins en nombre croissant. Moissac, justement, était l'une des étapes recommandées dans le Codex Calixtinus, véritable guide à l'intention de ceux qui se rendaient à Compostelle. C'est d'ailleurs en venant de la ville, depuis le Sud, que l'on approchait l'abbatiale par le flanc où s'insérait ce porche.

Aujourd'hui encore, que les motivations en soient religieuses ou autres, cette grande page d'art médiéval exerce une même fascination. Authentique somme, elle délivre la quintessence de l'esprit d'un temps marqué par des valeurs transcendantales dont, fût-ce moyennant certaines transpositions, la résonance ne s'est guère atténuée.