Jeunesse du monde arabe

Les sociétés arabes ont connu en l'espace d'une génération une transformation radicale : de 7 à 9 enfants par famille, aux environs de 1975, elles sont passées à 3,5 en 2000, moyenne qui tient compte des variations selon les pays et les catégories sociales. Un tel changement accompagne une transformation fondamentale des conditions matérielles d'existence et des mentalités.

Une véritable rupture entre les générations et le modèle patriarcal s'inscrivent sur la toile de fond d'un essoufflement de l'économie rentière, de guerres locales, de mondialisation, de compétition de fratrie, de bouleversements sociaux et familiaux, de passage en masse des jeunes sur le marché du travail, de multiplication, avec les progrès de l'enseignement, du capital des compétences, etc...

Cette nouvelle donne démographique peut devenir une chance ou être une charge. C'est ce que les neuf études de ce numéro ambitionnent de cerner en analysant, au niveau de la famille, les rapports entre les générations en Egypte, au Liban et dans les Territoires palestiniens et, pour l'ensemble de la société, en Egypte, en Libye et en Algérie. Ils décrivent aussi l'évolution des universités arabes et se posent la question, en ce qui concerne l'emploi, de savoir s'il faut qualifier cette transition «d'aubaine démographique».

Ces études qui mettent l'accent sur des phénomènes porteurs d'une nouvelle société arabe, sont à tonalité optimistes, ce qui n'est, on l'avouera, pas courant. Elles donnent en tous cas un aperçu tout à fait neuf qui devrait avoir des répercussions sur l'analyse des autres dimensions des sociétés du monde arabe.