Où va l'homo detritus ?

Mouvements des idées et des luttes

Depuis quelques années, les déchets occupent le devant de la scène. Au-delà de leur présence qui s'impose dans tous les espaces physiques de la planète, y compris les plus « improbables », ils occupent aussi la scène politique, économique, scientifique et même artistique. Les déchets, en tant que valeur relative (ceux des uns font la « fortune » des autres) issue de l'activité humaine, renvoient inévitablement à des rapports sociaux et soulèvent donc de sérieuses questions (géo)politiques. Ce numéro de la revue Mouvements explore trois pistes de réflexion : les transformations actuelles dans l'organisation des « marchés » des déchets ; les déchets comme marqueurs spécifiques du travail humain sur les équilibres de la planète ; et enfin, les déchets dans leur dimension symbolique.

Dans le numéro 88 hiver 2016

À quoi sert la prison ?
Idéologie de l'enfermement

La prison pose un problème en France comme dans la plupart des pays du monde. Après les années de lutte pour transformer la logique de l'univers carcéral incarnées par différents mouvements abolitionnistes, comme le Groupe d'information sur les Prisons en France (1971-1972), et une première séquence de modernisation engagée dans les années 1980 dans de nombreux pays européens, les problèmes structurels du système carcéral se sont aggravés. Le surpeuplement des prisons, les conditions de détention, le statut des prisonniers, la formation du personnel pénitentiaire, la sursuicidité carcérale sont autant de thèmes qui signalent l'aberration d'une institution sociale dramatiquement dysfonctionnelle. Pourtant, c'est plus à une tentative de « modernisation » des systèmes d'enfermement qu'à une remise en question de leur pertinence à laquelle on assiste depuis maintenant plus de deux décennies. Au-delà de la crise de la prison, c'est la logique de l'enfermement dont elle est l'aboutissement que le dossier de Mouvements entend questionner. À quoi sert la prison ?