Fiche technique
Format : Cartonné
Nb de pages : 238 pages
Poids : 395 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782840501589
Nations en quête de passé
la péninsule ibérique (XIXe-XXe siècles)
Quatrième de couverture
En novembre 1882, le chef du parti conservateur espagnol, Antonio Cánovas del Castillo, répliquait au discours prononcé en mars par Ernest Renan ; et à la question : «Qu'est-ce qu'une Nation ?», il expliquait que les nations sont «l'œuvre de Dieu» ou «l'œuvre de la Nature». D'une façon ou d'une autre, il excluait ainsi du champ de l'action des citoyens une réalité placée hors de leur portée. Dans un XIXe siècle déclinant, le propos avait une valeur d'avertissement : l'Espagne du futur devrait être celle du passé, une, unie, unique. Cette légitimation de la Nation par le recours au passé paraissait d'autant plus nécessaire, qu'au même moment commençaient à pointer des exigences nouvelles, dans la périphérie de la Péninsule, où Basques et Catalans partaient en quête d'une identité propre. Ces nationalismes émergeants de la périphérie péninsulaire commençaient alors, mais alors seulement, à ériger leur langue ou leurs coutumes en «faits différentiels», censés être fondateurs de «nationalités» nouvelles ou renouvelées : les belles-aux-bois dormants des nationalités dites historiques commençaient à se réveiller et se lançaient, pour les besoins de la cause, à la réinvention de leur passé, dira-t-on en écho au titre fondateur qu'Eric Hobsbawm et Terence Ranger ont donné à leur volume de 1983 : The Invention of Tradition.
Une pédagogie de la nation a accompagné la lente construction de l'Etat libéral en Espagne ; et des pédagogies de nations ont surgi dans la mouvance de ses nationalismes périphériques. C'est à elles et à leur quête de passé que le Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Mondes Ibériques Contemporains (CRIMIC), de l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV), en collaboration avec l'EHESS, a consacré les travaux de deux années de séminaire, dont le présent volume est l'aboutissement matériel.