Après lire

Nocturnes

Petite, j'ai vécu mon enfance au fin fond de la campagne en Mayenne. J'y ai connu la nuit loin des lampes et des villes. Il y avait des clairs de lune majestueux, des nuits froides étoilées, et puis des nuits de ténèbres totales, épaisses comme une matière où nous perdions toute notion des alentours. Il m'est arrivé alors d'être terrassée par cette pensée : « Et si le jour ne devait jamais revenir ? »

C'est pourquoi j'ai voulu proposer ce thème de la nuit aux haijins francophones du monde entier...

Le haïku et la nuit sont bons compagnons. C'est un poème souvent écrit en solitude, en son for intérieur, comme quand la nuit nous ramène à nous-même.

La nuit est un grand moment d'inspiration. Avec l'immensité du ciel étoilé, les ombres et les lumières, les bruits émanant des ténèbres, elle est caisse de résonance de nos vies. Elle nous conduit au bilan de la journée, au questionnement sur l'avant et l'après.

« Cette anthologie, je l'ai parcourue sur la pointe des cils, du crépuscule au petit jour, en essayant de ne pas troubler par mes pensées le bruissement des insectes et le brame du cerf. J'ai lu chaque haïku avec lenteur, comme on s'abaisse à ramasser un ver luisant dans l'herbe humide, en remerciant pour la lumière. »