Nos doigts noués entre deux ciels

Tiré de la nouvelle « Lève la tête »

La suée tâchait son tee-shirt blanc fleuri. Ses mains s'étaient ridées de peur, semblables à l'écorce d'un arbre séculaire. Elle s'approcha et toucha les fils électriques avec hésitation. Comme un bégaiement des doigts. En alimentant la ville en électricité, elle allait mettre en faillite les soubresauts de son existence.

Elle leva la tête et rêva.

« Ton nom circulera en moi comme mon sang. Yasser. Comme un prénom murmuré comme on mâche un brin d'herbe ».

Elle enclencha le processus.

« Dans la tapisserie de nos corps
Nos doigts noués entre deux ciels
Une moitié de moi est dans la lumière,
L'autre vole dans ton souffle ».

Elle leva la tête et rêva.

Rêva.

Rêva.

Et sur ce dernier songe, elle éclaira la ville entière, baignée dans sa tapisserie de lumière.