Notre guerre d'Algérie

Une longue carrière de journaliste sportif au «Parisien» de 1962 à 1999 n'a pas le moins du monde entamé l'envie d'écrire de Jacques Tribotté. Ainsi, l'an dernier il a publié un premier livre «Des champions et des hommes» retraçant cinquante ans de sport en Seine-et-Marne. Sur sa lancée il s'est attaqué à un tout autre sujet ô combien brûlant: la guerre d'Algérie. Guerre qu'il a faite en 1960 et 61 comme appelé du contingent au sein du 14^e bataillon de chasseurs alpins stationné à la frontière tunisienne, tout près du fameux "Bec de canard". Successivement chef de poste dans une tour, sergent d'un groupe de grenadiers-voltigeurs, instituteur, vaguemestre et gérant de la "popote" il a vécu en un peu mois de quatorze mois des expériences complètement différentes. Ce sont ces expériences qu'il nous fait partager à travers un récit imagé, rempli d'anecdotes et de péripéties. Car, au cours de cette période mouvementée, il y en a eu pas mal avec le référendum de janvier 1961, le putsch des généraux, la naissance de l'O.A.S., les attentats aveugles... Dans la deuxième partie il donne la parole à d'autres appelés seine-et-marnais, dix très exactement, qui nous racontent quelle a été leur vie de l'autre côté de la Méditerranée. Plus que leurs faits d'armes ils évoquent les situations, parfois exceptionnelles, auxquelles ils ont été confrontés. Ils le font avec franchise, une belle lucidité et une grande modestie. L'histoire des harkis, les grands sacrifiés de cette guerre, est également racontée avec le témoignage poignant de l'un d'entre eux. Enfin, le souvenir des appelés seine-et-marnais morts au combat est salué par la longue liste comportant les noms des disparus mais aussi les lieux où il est célébré dans ce département. Des illustrations authentiques et plus de cent vingt photos complètent avec bonheur cet ouvrage de mémoire dédié à tous ceux qui, à vingt ans, ont été plongés le plus souvent à leur corps défendant dans cette guerre aussi cruelle qu'injuste.