Nous ne serons jamais des héros

Michaël, « en GDI, Galère à Durée Indéterminée… » comme il se présente, mène une vie de trentenaire sans destin, sans emploi, sans femme, sans envie.., son quotidien se résumant entre les périodes d’int    érim, à la console de jeu, les plateaux repas devant la télé et des questions existentielles. Mais le décès de sa grand-mère vient momentanément briser la monotonie de sa vie. En effet son père Charles, qui ne l'a pas vu grandir et avec qui il entretient des liens plus que distendus, lui fait une proposition bien surprenante après l’enterrement où toute la famille s’était retrouvée. Profitant de l’héritage laissé par sa mère, il a décidé de refaire les voyages qu’il avait partagés avec sa femme dans les années 70, et il a pour cela besoin de son aide, car un terrible accident de voiture arrivé voilà 25 ans, l’a rendu veuf et infirme. Mais depuis ce tragique évènement, Charles est devenu agressif, râleur, alcoolique et morphinomane, en un mot asocial, et l’on se dit alors que Michaël, qui ne lui doit rien, a toutes les raisons de refuser ce tour du monde nostalgique. Sauf que ce dernier ne fait rien de concret de sa vie, n’a pas d’obligations familiales et professionnelles, et que surtout cette "mission" sera rémunérée.
Les voilà donc tous deux embarqués dans un périple effréné aux quatre coins du monde (La Réunion, Mayotte, New York, San Francisco, Hanoi, New Delhi, Le Ladakh, le Maroc et la Finlande).
De réflexions désagréables en complaintes permanentes, de silences pesants en incompréhensions mutuelles, le voyage commence mal. Mais entre les engueulades vont pourtant arriver les premières confidences, et un rapprochement s'esquisse à l'autre bout de la planète à travers deux moments forts partagés. Le fils découvre alors le passé improbable de ses parents, rencontre leurs amis de jeunesse, tandis que papa Charles dresse un bilan amer d'une jeunesse insouciante en pleine période baba-cool. Se jouent alors les rapports difficiles qui peuvent exister entre un homme et sa progéniture, l’un ayant perdu ses illusions, l’autre n’en ayant jamais vraiment eu. Entre sarcasmes et répliques affûtés se dessinent le crépuscule de la vie d’un homme et la possible renaissance de celle de sa descendance.
Grâce à ce voyage initiatique, Nous ne serons jamais des héros se révèle être une œuvre scénaristiquement et visuellement très réussie entre fatalisme et espoir, aussi drôle qu’émouvante.

Au titre: "Nous ne serons jamais des héros" je rajouterai héros illustres car comme l'a écrit  Victor Hugo dans Les Misérables, " La vie, le malheur, l'isolement, l'abandon, la pauvreté sont des champs de bataille qui ont leurs héros, héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres". Et dans cette magnifique Bd, le personnage principal n'est pas un héros mais un super-héros de la vie.