Ô vie, fais-moi renaître

Ce n'est ni un regret, ni même un appel mais une authentique supplique au lumineux « possible » des hommes qu'adresse ici le poète tant à celles et ceux qui font l'histoire qu'à tous ceux qui la subissent sous le fléau de leurs contemporains.

Si la vie fait chemin en nous c'est pour que nous y découvrions son « humilis » et les voies qu'elle nous enseigne depuis le plus souterrain des sens, jusqu'au faîte de l'expérience subtile et sensible du monde... un monde qui ne nous appartient pas, que nous ne posséderons jamais et cependant demeure le plus attentionné à nos quêtes, attentif jusqu'à nos utopies pour lui.

C'est cette humilité venue de la terre-mère que la poésie nomade sème nouvellement en les gestes, les actes petits et grands de chacune, chacun aux fins d'une histoire toujours inachevée et sans maître.

Hasan Erkek retient de vingt années de promenade en les territoires du monde, ce qui de l'actualité convoque sa vigilance de poète et lui permet de tisser avec d'autres cette connivence vitale qui lui fait depuis les abîmes l'histoire, « se relever tout en sang, s'appuyant sur sa plume ». Là, le poète n'a d'autre penchant que celui de sa propre verticalité, résistant avec le verbe poétique... C'est un verbe ensemencé de la plus fine expression du sensible, grandissant le long de rêves chargés d'éclairs d'âme et de coeur dans l'orage du Vivant, contre la mortelle sécurisation des mondes artificiels.