Objizdka ou Le privilège

« Sa voix au téléphone sonnait claire, bien différente de celle, délicieusement rauque et énergique, d'Otýlie. Claire et traînante, avec l'intonation ondulée de la langue slave qui me charme depuis l'enfance. Elle m'a bien envoyé une photographie d'elle, mais, tandis que je parcours la distance entre les deux ponts, tenu à l'écart des berges inondées par les digues et les barrières, obligé parfois de contourner des blocs de maisons à cause des barrages qui masquent la rivière, je crains de ne pas la reconnaître. Je me rassure puisque, dans ce cas, elle me repérera facilement : elle m'a écrit que, sur la photographie d'identité que je lui ai transmise, je ressemble au buste de Mahler que l'on peut voir dans le couloir du Musée National, datant de l'époque où le compositeur dirigeait l'Opéra de Prague. J'ai cherché une photographie de ce buste sur Internet et trouvé la comparaison peu flatteuse... pour Mahler. »

« C'est parce que je m'étonne du prénom Franti(...)ek que notre conversation glisse vers le passé qui nous rapproche aujourd'hui. Franti(...)ek, c'est-à-dire François, le prénom de mon père. " Ma mère tenait tellement à ce prénom pour son petit-fils ! Elle disait que si j'avais eu un frère, elle l'aurait prénommé ainsi. Ah ! tu sais, ma mère et son amour de guerre, ma