Spicilège

A côté de De l'esprit des lois, des Lettres persanes et d'autres ouvrages dont l'importance pour l'histoire de la pensée européenne a été universellement reconnue, Montesquieu nous a légué des témoignages d'un travail qui s'est prolongé tout au long de sa vie. Dans son grand chantier de réflexion et de recherche érudite et critique, le Spicilège est sans doute un des documents les plus importants. On peut saisir, dans l'analyse de ce recueil, le mouvement même de la pensée de Montesquieu, ses doutes, ses curiosités, ses références de lectures, qui nous aident à mieux comprendre la nature et l'évolution d'une réflexion particulièrement riche et profonde.

Resté inédit jusqu'à 1944, puis intégré, avec des exclusions textuelles remarquables, dans l'édition Masson (Nagel) des Œuvres de Montesquieu (1950) et les autres éditions dites `complètes' (Pléiade, L'Intégrale), ce volumineux cahier de fragments, de notes de lecture, de réflexions de nature très variée, attendait une nouvelle édition critique, après la première édition complète, dépourvue d'apparat critique satisfaisant, publiée par Laffont en 1991. L'édition présentée ici a donc pour but de combler une lacune qui, pour la recherche littéraire et philosophique contemporaine, était importante.

Un établissement inédit du texte, conduit avec un soin particulier sur le manuscrit de Bordeaux, et un apparat de notes historiques et critiques très riche, nous fournissent une source et un outil de travail très importants pour le développement des études sur Montesquieu et, plus généralement, pour la connaissance de la pensée française et européenne du XVIIIe siècle.