On n'a pas tous un oncle d'Amérique

Il a les yeux gris vert comme ceux de ma mère, sa petite Cacotte, de son vrai nom Marie-Charlotte. Il me scrute avec la bonté infinie qui l'habite et, accoutumé aux revirements facétieux, se met à chanter une comptine sans queue ni tête, comme il aimait à dire.

Héros tourmenté de sa propre Odyssée, Ulysse est le symbole d'une dernière génération écrasée par l'éducation familiale stricte, religieuse et vertueuse des années cinquante. Par la psychanalyse, il trouve une échappatoire et entame un périple de recul et de recherche sur son histoire. Comprendre la névrose qui déchire sa mère, dont chacun dit qu'il « vaudrait mieux qu'elle meure ». Repenser à son ancien amour. Trouver sa place dans la « lignée ».

Et il y a cet oncle d'Amérique, Saint Jean, artiste peintre, que personne n'a revu depuis des années. Figure farceuse d'un être détaché des valeurs familiales oppressantes, d'un « père choisi » par Ulysse. Lui seul peut l'aider dans sa quête de lui-même et le mener à ce secret familial, latent, invisible, mais qui les étouffe tous.

On n'a pas tous un oncle d'Amérique est la peinture des interrogations constantes d'une société qui s'aveugle et celle, humoristique, de la pratique de la psychanalyse. Un voyage initiatique, caustique et parfois décalé, qui fait écho en chacun de nous.