Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 195 pages
Poids : 500 g
Dimensions : 16cm X 22cm
EAN : 9782873960612
Orientalisme et études juives à la fin du XIXe siècle
le manuscrit d'Emile Ouverleaux
Quatrième de couverture
Émile Ouverleaux (1846-1929), conservateur à la Bibliothèque royale de Belgique et orientaliste de renom, a publié en 1885 l'une des premières études scientifiques relatives à la présence juive en Belgique depuis le moyen âge.
Cette recherche pionnière fut éditée en livraisons dans la Revue des Études juives, puis chez l'éditeur Durlacher.
Ouverleaux s'intéressa également aux stèles funéraires, témoins de la présence juive en Belgique. Il fit l'inventaire, consigné dans des cahiers, de celles qui étaient vouées à disparaître. L'un de ces manuscrits fait ici l'objet d'une édition partielle, et est abondamment commenté.
Tout autant qu'il évoque, à travers la biographie d'Émile Ouverleaux, le caractère exceptionnel de ce regard chrétien posé sans préjugé sur les Juifs, le présent ouvrage trace le cadre historique du judaïsme belge à l'époque, ainsi que les enjeux politico-religieux de la question des cimetières. Il s'attache aussi à décrire les pratiques funéraires dans le judaïsme, son architecture et ses symboles funéraires.
La question des cimetières a illustré les clivages, les tensions et la violence religieuse qui traversèrent la société belge au XIXe siècle. Les Juifs de Belgique ne furent épargnés ni par ces tensions ni par leurs conséquences: leurs pratiques religieuses et leurs attitudes face à la mort en sortiront modifiées, tout comme le furent celles de la société belge tout entière.
1885. La Revue des Études juives, déjà prestigieuse malgré son jeune âge, assure le rayonnement des études juives en français. C'est dans ce haut lieu de la science du judaïsme que l'orientaliste Émile Ouverleaux publie son travail pionnier sur l'histoire des Juifs en Belgique. Nous sommes en 1885: Edouard Drumont s'apprête à publier La France juive, monument de l'antisémitisme qui contribuera à préparer les esprits à l'anti-dreyfusisme. La Belgique, quant à elle, n'est pas loin de connaître des grèves tragiques qui précipiteront l'émergence du socialisme.
C'est dans ce contexte troublé que la communauté israélite de Belgique connaît aussi de profonds bouleversements. L'arrivée de Juifs fuyant l'Europe orientale annonce l'éclatement du monopole du Consistoire et l'avènement d'autres conceptions du judaïsme. Au sein même du milieu consistorial, de moins en moins marqué par le libéralisme, des voix s'élèvent pour remettre en question les liens qui se sont noués entre judaïsme et modernité.
Jusqu'en 1885, quand Émile Ouverleaux publie son triptyque sur la présence juive en Belgique depuis le moyen âge, il n'existait guère que les études peu fiables du baron de Reiffenberg et d'Eliakim Carmoly, premier grand-rabbin de Belgique, sur le sujet. Quarante ans après Carmoly, c'est un non-juif, venu aux études juives par une curiosité inexpliquée, qui s'attelle à la rédaction d'une histoire de la présence des Juifs dans les territoires qui formeront au XIXe siècle la Belgique indépendante. Et son étude, en effet, s'inscrit dans cette redécouverte balbutiante d'un patrimoine oublié.
Cette étude constitue le deuxième volume de Mosaïque, la collection d'études juives de l'Institut d'Études du Judaïsme à l'Université libre de Bruxelles.
Sans que Mosaïque se fixe comme ligne éditoriale d'aborder seulement la judéité belge, elle se voudra l'expression des enseignements de l'Institut dont elle émane, des enseignements libres de tout esprit d'aplogie et respectueux des valeurs qu'ils défendent.
C'est dans l'Athenaeum belge qu'Émile Ouverleaux publie ses premiers travaux, portant sur une inscription hébraïque découverte en Espagne. Il reprend également la publication du Passetemps de Jehan Lhermitte, dont il édite le second volume en 1896, et collabore à la publication des plans du géographe Jacques de Deventer, exécutés au XVIe siècle sous les ordres de Charles Quint et de Philippe II.
Démissionnaire en 1896, Émile Ouverleaux voyage quelques années à l'étranger et effectue de nombreuses recherches généalogiques, avant de regagner Ath où il vivra jusqu'à son décès, en 1929. Il se consacre durant les dernières années de son existence à ses collections et à une étude sur l'ingénieur Mesgrigny, témoin de sa passion pour l'art militaire.
Les travaux d'Ouverleaux sont très variés, puisqu'il écrivit sur des sujets aussi divers que l'histoire, la cartographie, la généalogie, l'épigraphie hébraïque, le judaïsme et le protestantisme. Ce qui est demeuré le plus marquant de son oeuvre sont ses études sur les documents relatifs à la présence juive en Belgique depuis le moyen âge. Il fut ainsi, parmi les premiers, à montrer que les régions qui constituent aujourd'hui la Belgique ont abrité des Juifs de manière pratiquement continue depuis le XIIIe siècle.
On ne peut que louer la qualité de la documentation réunie par un érudit de province, intéressé par le judaïsme pour des raisons qui n'ont pas été clarifiées, qui mit sa vaste culture non seulement à profit dans ses recherches mais aussi dans la constitution de sa collection personnelle. C'est à son travail pionnier et à sa riche documentation, demeurée inédite pour l'essentiel, que s'attache la présente étude.
Ce livre n'aurait pu voir le jour sans la curiosité et la persévérance d'Itzhak Sperling, qui découvrit le manuscrit d'Émile Ouverleaux au hasard d'une vente publique. Érudit passionné par les traces de la vie juive, sous toutes leurs formes, il préserva ce manuscrit de l'oubli, pour en permettre finalement la publication.