Par-delà la douleur

Hymne à la vie dans les camps de concentration

« Quel courage y-a-t-il à mordre lorsque tous mordent ? Le courage, c'est d'aimer lorsque tous haïssent, et d'embrasser quand tous mordent, et de caresser lorsque tous lacèrent car ils ont changé leurs mains en griffes, et de rire à gorge déployée, lorsque tous se recueillent, effrayés, dans les refuges de leurs églises. » (Miguel Giménez Igualada.)

Parmi les auteurs qu'il nous faudrait redécouvrir, Giménez Igualada est l'une des figures les plus attachantes.

Anarchiste espagnol, il fut un temps tenté par l'approche mystique de Krishnamurti, mais pour s'en éloigner rapidement, ne trouvant pas chez lui l'idéal de bonté, ni cet horizon d'harmonie dont il tenait à faire le socle de sa vie.

Puis, parmi les anarchistes de son temps, Giménez Igualada détonne : adepte de la non-violence - n'a-t-il pas, étant connu pour sa sagesse, sauvé un franquiste de la vindicte populaire ? - il se détourne de tout idéal révolutionnaire, si la révolution devait passer par un temps de violence.

Cela ne l'empêchera pas de connaître l'horreur de ces camps de concentration, que les Français mirent en place pour « accueillir » (« parquer » serait le terme approprié), ceux qui survécurent à l'installation de la dictature.

Ce livre, largement rédigé dans ces camps de concentration, est à la fois un témoignage et une leçon de sagesse.

Certaines lettres d'Igualada sont de véritables chef-d'oeuvre, marqués par une quête d'harmonie qui ne va pas sans une certaine mystique, comme il reçut en partage beaucoup de la pensée d'Élisée Reclus.