Paris sous les bombes

Des hurlements, des bourdonnements, des grondements. Voilà les bruits distincts qui retentissaient à tour de rôle et que l'on entendait, serré dans une cave avec trente voisins autour de soi, retenant leur souffle, yeux fixes. Dès l'extinction du troisième bruit, la parole revenait soudain, et les sourires, et, pourquoi pas, les blagues. Juste avant que ne survienne le quatrième : les sirènes libératrices. Elles avaient un accent joyeux, celles-là. Elles disaient : «Allez ! reprenez le cours de votre vie, la mort, les destructions, aujourd'hui, c'était pour les autres.»

Les «autres», un certain matin de septembre 1943, en pleine occupation allemande, ils habitaient porte de Saint-Cloud et Auteuil. Cette fois, après le départ des bombardiers alliés, les sirènes de fin d'alerte hurlaient leur désespoir devant la mort et les ruines.

C'est le mérite de Gaëtan de Salvatore, un libraire passionné par son métier et son quartier, et de Philippe A. Boiry, auteur d'une quinzaine d'ouvrages d'histoire, d'avoir voulu faire revivre en images ces temps sombres. Pour que l'on apprécie mieux encore le bonheur que connaît aujourd'hui son «village».

Michel Tauriac