Poétique des corps, les odalisques de J.-A.-D. Ingres

Voilé/dévoilé: depuis Titien, nul n'a joué plus que Jean-Auguste-Dominique Ingres avec le corps de la femme. Et chaque fois, au grand scandale de ses contemporains: l'imaginaire de la femme enfermée qu'il a su explorer comme une Poétique avec ses odalisques, ce locus amoenus, se dresse comme un grand phare contre lequel viennent battre l'amour et la haine que les peintres lui ont voués, de Delacroix à Matisse et Picasso, viennent battre aussi les fougueuses théories esthétiques de la forme contre la couleur, sans pouvoir jamais le faire descendre de son piédestal. Car ce monsieur très respectable, qui aimait les honneurs et peignait les bourgeois - on le lui a assez reproché -, qui représentait à lui tout seul cette obstination néo-classique tellement anti-romantique, mais qui savait fouetter les corps d'un coup de crayon sublimé, a atteint avec ses odalisques tourmentées de désir à une poignance, une vérité et une beauté qui ne cessent de nous éblouir et de nous toucher encore aujourd'hui.