Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 322 pages
Poids : 385 g
Dimensions : 14cm X 22cm
EAN : 9782714307040
Quatrième de couverture
Il sera, dans ce livre, question de voix, de la voix comme question. Car la littérature, depuis le tournant de la Modernité, semble vouée à chercher les modes d'inscription d'une présence qui se fuit dans sa trace écrite, vouée à interroger la dynamique d'une pluralité qui défait toute unité. Ce sont les modalités d'énonciation littéraire qu'invente la littérature moderne qui sont au cœur de la réflexion. Il ne s'agit plus de les penser en termes de genres mais comme des réponses à cette interrogation première : comment poser sa voix ?
J'envisage donc l'écriture comme lieu de tensions, sans résolution, entre forme et force. Je cherche d'abord à entendre ces effets de voix, qui sont de véritables poétiques toujours singulières : le commentaire (de Blanchot, Céline, ou des Forêts) appelle la définition de postures subjectives nouvelles (l'écriture brève ou le monologue écrit). Le roman donne, lui, un autre espace de résonance à ces voix : il les contextualise de façon critique. Ouvrant l'espace romanesque à l'indicible. Joyce et Conrad créent des dispositifs qui tentent d'encadrer un mouvement qui se dérobe pourtant. Mouvement qui entraîne le vingtième siècle vers un au-delà du roman - que les œuvres de Sarraute ou Quignard représentent exemplairement.
Crise du personnage, éparpillement des voix, mélancolie d'une forme pleine sont-ils notre lot ? Il me semble que la «malchance» de la littérature contemporaine est paradoxalement sa chance. Comme le montre Borges, la littérature doit retourner son impuissance, accepter de devenir un art du reste. Elle doit maintenir le défaut d'une traduction qui manquera toujours à notre désir - pour mieux le relancer.
D.R.