Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 11 pages
Poids : 335 g
Dimensions : 24cm X 27cm
EAN : 9782913610408
Quatrième de couverture
Avant le IXe siècle, les hommes du Nord-Ouest de l'Europe n'aimaient point trop les images dans les églises. La réussite chrétienne libéra: les images de Dieu, de sa Mère, des saints tapissèrent les murs et les autels. Accueillantes, elles s'adjoignirent au XIIe siècle celles de moindres héros, les puissants et les donateurs généreux. Le retour de la grande statuaire dans les églises décupla la présence de l'homme-Dieu et sa cour céleste. Galeries de saints vêtus de pierre, anges de bois, peintures de saints en dialogue avec les crucifix, les saints du ciel et les riches de la terre, dévorés comme les vivants par les intempéries et l'humidité: tous sont les vestiges muets d'une interminable et irrépressible polyphonie. La création musicale explosa alors, donnant voix à tous les participants des liturgies de l'Église. La réunion de l'église et du cimetière au cours des VIIe-IXe siècles avait enrôlé les morts aux côtés des vivants: les dalles funéraires s'alignèrent désormais comme pour régler le pas triomphal des vivants. A la dramaturgie des puissances célestes et des héros disparus qu'elles se sont associées, la mémoire des morts apporta son concours après la Grande Guerre. Quelle église de France n'a pas entretenu celle des siens, reproduisant dans l'espace sacré l'hommage laïque porté par les communes de la République sur les places principales des villages? Dialogue encore, polyphonie.
Il est juste de restituer les dialogues incessants de la matière et de l'esprit. L'art du photographe sans doute y parvient au mieux, retrouvant les effluves du langage poétique. Jean-Christophe Ballot joue en effet sur l'illusion et les métamorphoses du réel. Il met à nu les associations et les échanges entre les différents registres du sensible, souvent imperceptibles à l'oeil du XXIe siècle: celui-ci peine à les saisir, parce qu'il perd de jour en jour les grilles nécessaires au décryptage. La trame est rétablie par la vertu d'un oeil attentif, et sourdent à nouveau les polyphonies sensuelles d'un monde invisible.
Guy Lobrichon