Pour Britney

d'un côté Britney Spears, de l'autre Nelly Arcan. entre les deux, Louise Chennevière démonte la puissance de la norme, d'une verve tendue et contenue à la fois, à coup de virgules téméraires. le tout bouscule, et outille.

Britney, c'est Britney Spears évidemment, que la narratrice a tant imitée alors qu'elle était enfant... Et puis la narratrice a grandi, et hop à la poubelle l'icône ; la chanteuse lisse qui faisait si bien voltiger ses cheveux s'est rasé le crâne, il est désormais de bon ton de la moquer ! Le récit de ce mouvement d'adulation puis de mépris extrême, via un souvenir d'enfance, est en réalité une dénonciation très maline du piège sans issue dans lequel tombent les femmes qui se glissent sous les projecteurs... Car bien vite la lumière devient prison ; asservies par leur image, ces femmes qui semblent avoir parole et pouvoir sont en fait pernicieusement silenciées, objets sans subjectivité.

Britney la jeune vierge qui a affolé le monde entier rappelle en miroir Nelly Arcan qui tenta d'assumer le désir qu'elle provoquait. Les deux ont fini broyées. Il faut toute la force et la finesse de la plume de Louise Chennevière pour venir les extirper des toiles dans lesquelles elles ont été engluées, jusqu'à presque en disparaître en tant que personne humaine...

Un propos essentiel, très politique, servi par une plume aussi affûtée qu'inventive. Voici une grosse grosse claque, qu'on est ravi de se prendre !

Un récit percutant qui traite de la sexualisation de l'icône pop Britney Spears et du regard masculin sur les filles et les jeunes femmes. La mise en parallèle de la chanteuse avec la réception de l'œuvre de Nelly Arcan est particulièrement pertinente !