Pour une démocratie culturelle : actualités(s) de Marcel Hicter. Vol. 1

Mais comme je l'évoquais tout à l'heure en parlant de l'effet de massification des techniques contemporaines du travail, les autres influences de la société contemporaine contribuent aussi à la dépersonnalisation systématique de l'homme. La plupart des formes de loisirs mis à la disposition de chacun d'entre nous se résument à la formule de spectacle offert par des professionnels payés à une masse à qui on ne demande que d'être assise et de bénéficier de plaisirs préfabriqués et prédigérés. Cette remarque est vraie sur le plan de toutes les formes de loisirs généralisés qui sont aux mains de commerçants et non d'éducateurs et cette préfabrication des loisirs aura, a déjà comme résultat inévitable la saturation, l'ennui et la passivité physique.

J'affirme solennellement que cette passivité physique entraînera sans aucun doute, à plus ou moins longue échéance, la passivité intellectuelle et que par conséquent, nous risquons de nous trouver, sans le savoir, devant une société dont les membres attendront de l'extérieur non seulement leurs formes de loisirs-spectacles et petites joies-mais aussi leurs formes de pensées, où les citoyens demanderont, par penchant naturel acquis depuis l'enfance, des slogans plutôt que des programmes discutés, affirmés et issus des volontés conductrices du peuple.