Réflexions à partir de l'oeuvre occupée de Hani Amra

Collapse

Collages, débris & écrits

Éditeur indépendant engagé, il m'a semblé important de publier ce texte de Philippe Guiguet Bologne, après son « Jerusalem Hotel », la quête d'un poète en Palestine occupée (2016) et Ce qui nous restera (2018). Comment ne pas succomber au charme empreint de nostalgie de ce Collapse : récit sans concession qui nous entraîne, dans un poignant souffle épique à partir des réminiscences de jeunesse, sur les traces des rencontres et échanges fructueux avec Stéphane Hessel, Ernest Pignon-Ernest, puis surtout celles de l'énigmatique artiste palestinien Hani Amra dont il dissèque avec une grande maîtrise le cheminement... Court extrait (voir p. 126) : « ...Le collage est le mode d'expression des opprimés, de toutes les oppressions. On colle comme on pousse un cri de rage en se lançant dans un baroud d'honneur. »
A. C.

« Longtemps, toute ma jeunesse, en tout cas jusqu'à l'élection de Donald Trump à la tête du gouvernement fédéral des États-Unis, je me suis demandé comment il avait été possible que l'Allemagne décide, démocratiquement, de se placer sous le joug d'un Adolf Hitler, et comment les autres nations avaient elles aussi pu laisser un tel monstre s'imposer et conduire une politique qui s'achèverait chaotiquement dans la Seconde Guerre mondiale. Comment les contemporains du nazisme ont pu laisser ses massacres se produire, demeurait une question qui me travaillait continuellement depuis que j'avais feuilleté, enfant, cette Encyclopédie contemporaine où gisait mon prisonnier implosé, et dont la réponse, que je n'ai d'ailleurs toujours pas trouvée, me paraît d'une opacité sans égal : ainsi s'affirme donc la face sombre de la liberté.

J'ai aujourd'hui, sous mes yeux, l'exemple d'un monde qui bascule vers ces forces-là, celles de l'instabilité, de la violence et de la haine assumées et revendiquées : mon monde me donne le sentiment de me rejouer le sombre glissement qui s'était opéré au milieu des années 30 en Europe, ce moment de l'histoire humaine où le pire a commencé. L'histoire semble vouloir se répéter bien amèrement. »
Philippe Guiguet Bologne