Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 445 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 15cm X 22cm
ISBN : 978-2-906156-39-5
EAN : 9782906156395
Quatrième de couverture
René Nelli, la recherche du poème parfait
L'oeuvre poétique de René Nelli (Carcassonne 1906-1982) est de celles qui donnent le vertige. On y est toujours en pays de connaissance, et l'on s'y perd toujours... Les pièces qui la composent nous apparaissent innombrables, non pas tant par l'ampleur d'une écriture abondante et multiple, que par le jeu constant des rappels, des échos et des correspondances qui nous assaillent au fur et à mesure que nous croyons en avoir épuisé l'inventaire. La dualité des langues, occitan et français, ne fait que renforcer une faculté d'illimitation dont elle constitue peut-être l'origine profonde, à la fois cachée et affichée par le poète.
L'ouvrage de Philippe Gardy propose un voyage chronologique à travers cette marqueterie de poèmes, depuis Présence (1928) jusqu'à l'Ode à Montségur (1971-1981), afin de nous aider à mieux appréhender ce qui se trouve au coeur d'une expérience littéraire très surprenante : la présence, en deçà et au-delà des poèmes isolés ou réunis en recueils, d'un Poème supérieur, les réunissant tous et se trouvant à leur origine, mais dont il n'était pas possible d'envisager la représentation autrement que sous les espèces d'une réalité intouchable. Un « Poème parfait », semblable à ce « Conte parfait » à la recherche duquel Joë Bousquet, d'après Nelli, aurait consacré les dernières années de son existence.
L'ouvrage s'appuie sur un Choix de poèmes de René Nelli.
René Nelli écrivait à son ami Jean Ballard, le directeur des Cahiers du Sud, combien il était parfois effrayé de se sentir « double », alternativement poète et philosophe. Ainsi, mettait-il à part l'activité poétique qui était elle-même dédoublée, correspondant à deux expériences bien distinctes à ses yeux. Dans la première, rare et enthousiasmante, il se sentait comme envahi par le poème qui semblait se donner à lui, d'un coup et unique comme le rêve, ou déclencher pour un temps court, généralement quelques semaines d'été, une fièvre créatrice dans laquelle un recueil entier se trouvait composé. « Extraordinaire : un poème par jour », écrit-il encore à Ballard. Mais cette matière « donnée » résistait très rarement, telle quelle, au passage par l'atelier, c'est-à-dire au travail du poète campé comme un artisan des rythmes et des mots, à la recherche d'une forme qui, parce qu'elle refuse à la fois le corset des rimes et le tempo singulier du vers libre, était toute à inventer.
Philippe Gardy met patiemment au jour le système ouvert des contraintes librement découvertes et choisies - s'exerçant sur un matériau stable mais constamment ré-agencé - qui génèrent la manière et le ton si reconnaissable de la poésie de René Nelli.