Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 280 pages
Poids : 322 g
Dimensions : 14cm X 21cm
ISBN : 978-2-07-014413-6
EAN : 9782070144136
Les libraires en parlent
D'un sujet extrêmement compliqué à rendre romanesque (la transplantation cardiaque), Maylis de Kerangal déroule une oeuvre d'une puissance littéraire confondante, perpétuellement tendue entre l'urgence et la patience, le chagrin et l'espoir, la vie et la mort.
Stylistiquement virtuose, un roman stupéfiant !
Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, sélectionné dans le cadre du nouveau prix littéraire Le Roman des étudiants France Culture – Télérama
Membrum principalissimum, pompe à effet hydraulique, roi du corps, muscle, ou encore Juliette et plus tard Simon dans le bloc… en vingt-trois heures et quarante-neuf minutes, Maylis de Kerangal revitalise l’archaïque métaphore du cœur et étend son domaine de définition, avec un roman d'une justesse rare dans le récit des émotions.
La première phrase, paragraphe à elle seule, pulse et compresse ses mots, fait couler le premier sang du roman. L’écriture pourrait être, elle aussi, cet organe à scruter pour le lecteur. Simon Limbres, 18 ans, va mourir. Mais pas son corps, pas son cœur. Que faire alors ?
Tous les personnages, documentés jusqu’au bout des ongles et le long des « dorsales médianes », vont devoir se positionner face à cette question. Marianne et Sean, les parents, découvrent une nouvelle façon de penser le présent, celui de la douleur sans nom ni mot. Thomas Rémige, infirmier coordinateur des prélèvements d’organes, se voit incarner Achille aux pieds légers. Il devient l’égal du Péléide cruel lorsqu’il demande rançon de la santé éclatante du mort, remettant en question son intégrité physique. Révol, chirurgien au long cours, sait que depuis la 23ème réunion internationale de neurologie en 1959, la mort a changé de visage. Ce n'est plus le cœur qui donne le ton mais le cerveau. Maylis de Kerangal en prend son parti et poursuit cette interrogation en prenant en charge le récit de la matière. Cette dernière prend la place que la nature avait dans le romantisme et raconte mieux l'intérieur des personnages que leurs mots.
Pourtant Maylis continue de croire aux mots et à leur forme, à la ponctuation comme « anatomie du langage ». Elle remarque avec émotion qu'après le corps ouvert, c'est l'aiguille, le fil et leurs gestes anciens comme le monde, qui s'apprêtent à rendre le corps visible malgré la mort. Il faut voir le texte que coud de Kerangal, pour y lire l'analogie de l'aiguille et de la plume, qui travaillent ensemble un corps auquel se lie quelque chose de notre vieille humanité, construite dans le rapport à l'autre et à la mort. Curieux vestige dans ce monde aux technologies de plus en plus pointues.
Le récit se donne au présent. Ce temps n’a de cesse de rappeler son urgence à se voir résolu - la greffe - et dans le même instant il accuse une avancée qui coupe toute vie derrière elle - la mort. Dans cet infime interstice du présent, Maylis de Kerangal manie la digression. Cette dernière devient une lame à double tranchant : à la fois vague et ressac qui nous permet d'avoir littéralement le cœur pris, mais aussi reflux qui ralentit le drame. Une fois l’auteur manque à son récit de la chair : l’ouverture du corps de Simon ne prend que quelques pages – là où l’on aurait aimé avoir une lecture des entrailles du donneur.
Les corps s'ouvrent donc et avec eux leur territoire. Espace pluriel, géographique comme affectif, qu’ils ont pu habiter, où ils ont pu laisser une trace. Il y a aussi la voix du chardonneret, l’oiseau qui inspire l’infirmier Rémi. Elle porte dans ses nuances une forêt, une brise, la roche jaune sur la montagne, tandis que le corps de Simon devient fragment et portera d’autres voix.
Les précieuses pulsations de Maylis de Kerangal, vous feront écouter les vôtres comme peu de récits savent le faire.
Extraordinaire épopée d'un coeur quittant le corps d'un jeune homme de 20 ans devenu une ombre pour aider une autre vie à continuer de battre.
Quatrième de couverture
réparer les vivants
« Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. »
Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.