Religion, crimes, divertissements

Nul ne peut aborder l'étude de la chanson française de tradition orale sans avoir recours à l'oeuvre du grand ethnomusicologue Patrice Coirault, et en particulier à son immense travail d'inventaire réalisé entre 1890 et 1950. Ces milliers de références bibliographiques sont conservées dans une impressionnante armoire au département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France. Patrice Coirault avait classé ces références par chansons-types, elles-mêmes réparties en 121 rubriques en fonction de leur sujet.

Dans ce troisième et dernier volume on trouvera les rubriques concernant les « chansons énumératives » ainsi que celles consacrées aux grands thèmes comme « La religion », « Crimes et faits divers ». Leur succèdent des sujets plus divertissants. Le chapitre « La table » fournira, à côté de couplets à boire, des chansons célébrant la bonne chère et les plaisirs de la table ; quant à celui intitulé « De la plaisanterie à la gaudriole », on y trouvera des chants qui, à beaucoup d'entre nous, rappelleront les joies de leur vie estudiantine.

C'est cet inventaire que Georges Delarue, Yvette Fédoroff et Simone Wallon, aidés de Marlène Belly, ont entrepris de rendre public. La tâche n'était pas simple car, élaboré par un chercheur pour son usage personnel, ce répertoire devait être adapté afin de le rendre accessible à tous. Aussi, pour chaque chanson, les auteurs se sont efforcés de multiplier les éléments d'identification (titre, résumé, coupe), de codifier les références bibliographiques (utilisation des sigles), d'en ajouter de nouvelles (réédition d'ouvrages anciens, publications récentes, études, etc.). En outre, pour permettre l'accès rapide aux renseignements recherchés, ils ont élaboré de nombreux index ; signalons en particulier ceux des coupes et des mots-clés (comme « Amour », « Sexe » qui, en raison des thèmes abordés dans ce volume, occupent ici une place importante). Ils seront une véritable providence pour le chercheur par les rapprochements qu'ils suggèrent et les pistes de recherche qu'ils offrent. Débordant le simple cadre de l'ethnomusicologie, c'est celui plus général de l'ethnologie que ceux-ci permettent d'aborder.

Le musicologue, lui aussi, trouvera matière à alimenter ses recherches par les rapprochements qui ont pu être faits avec de nombreux timbres anciens. Enfin, tous ceux qui, à un moment ou un autre de leur vie, ont fredonné une de nos nombreuses chansons populaires prendront plaisir à l'y retrouver et à la comparer avec ses semblables.