Rien, ou si peu...

Le dernier recueil publié, Autres histoires de la vie ordinaire, m'avait coûté, et je pensais m'arrêter là. Mais une idée m'est venue, m'enjoignant de la suivre sans trop tarder ! Nouvelle manifestation de cette impulsion étrange qui fait que toute expérience appelle des mots pour l'écrire.

Je souhaitais intituler ce nouveau recueil « Histoires de rien », car c'est vraiment à propos de rien ou presque rien que se développe la réflexion dans ces textes inclassables, nés au hasard d'un quotidien ordinaire, et illustrés de menus faits qu'on oserait à peine nommer « événements », drôles parfois, ou troublants...

Le titre ayant déjà été employé, j'ai pensé à « rien ou presque », avant de découvrir que c'est une définition largement utilisée par les verbicrucistes, à laquelle le cruciverbiste ingénieux peut répondre « guère » s'il y a cinq cases à remplir, et « clopinettes » s'il y en a onze...

Aussi me suis-je arrêtée au titre actuel, « Rien, ou si peu », avec la conviction que ces « riens » ne sont pas rien, car ils interrogent sur notre vie de tous les jours. Mais qu'on ne cherche dans ces pages de grands débats philosophiques ou scientifiques ! Il s'agit simplement des choses de la vie, telle que les éprouve une vieille dame qui a largement passé les quatre-vingts ans...

« Quand il écrivait les Essais Montaigne ne savait pas qu'il écrivait du Montaigne » me disait dernièrement au téléphone un de nos fils, en veine de facétie. Même si, comme Montaigne, je suis constamment amenée à introduire des exemples, des nuances, des anecdotes, pratiquant obstinément ce qu'il appelle joliment « farcissures » et « allongeails », je n'écris pas du Montaigne !

Veuille le lecteur ne pas s'offusquer du caractère très personnel de ces modestes essais mais trouver plaisir à les lire.