Rue du poilu

La soirée s'annonçait bien et la joyeuse assemblée s'apprêtait maintenant à rejoindre la galerie située légèrement en contre bas de la place pour casser la croûte. Il s'agissait de réaliser une proposition artistique consistant à détruire avec les mains des chromos qualifiés de croûtes, exposées et accrochées à des cimaises de fortune. Tous les formats étaient représentés supportant la bizarrerie de la composition des peintres du dimanche. Les couchés de soleil côtoyaient les poules dans la basse cour ou autres niaiseries. Des croûtes authentiques qui allaient être livrées aux mains de ceux qui les avaient déclarées comme telles. Ce cassage comme Art d'Attitude était nommé «Art Direct». Déjà, les photographes se pressaient. Simultanément, le bip dans la poche d'Antoine et le portable dans sa veste se mirent à émettre, l'un vibrant, l'autre manifestant son signal aigu. Dans une série de mouvements désordonnés qu'Antoine voulait faire passer pour de la célérité, les deux appareils se retrouvèrent par terre. Perplexe, Moya regarda son adjoint se débattre avec la nouvelle technologie en se demandant si le stage de tir rapide qui impliquait le port d'arme serait le bienvenu. L'ennui, c'est les gros doigts. Impossible de ne pas appuyer sur le merdier deux touches à la fois. Enfin, ce fût la gymnastique de l'auriculaire qui permit d'écouter l'urgence du message...