Rayon Ancien Régime
Scandale à la cour de Lunéville : l'affaire Alliot (1751-1762)

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 163 pages
Poids : 276 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-86480-907-4
EAN : 9782864809074

Scandale à la cour de Lunéville

l'affaire Alliot (1751-1762)


Paru le
Broché 163 pages

Quatrième de couverture

Histoire du Droit

Le 16 février 1751, à Lunéville, Marie-Louise Alliot fille de l'intendant de Stanislas, épouse en grande pompe un jeune conseiller à la Cour souveraine de Lorraine et Barrois, Charles-François-Xavier Henry de Pont. Les entourent, dans la Robe, la Finance et l'Épée, leurs parents, leurs alliés. Pourtant le jour de la célébration, la mariée est en pleurs, sans mouvement et sans vie. Le soir de la cérémonie, portée au lit de force, elle jette des cris perçants à la vue de la couche apprêtée. Le mariage cette nuit-là, faut-il le préciser, n'est pas consommé ;

il ne le sera pas davantage dans les mois, ni les années qui suivent. L'affaire Alliot commence... Dix ans plus tard le procès en nullité de mariage intenté par le chevalier de Pont et sa femme, qui n'ont l'un pour l'autre qu'une aversion profonde, devient un fait divers qui défraye, en Lorraine, la chronique mondaine. Entre temps la fille du conseiller aulique n'est-elle pas devenue la maîtresse officielle de Ferdinand-Jérôme de Beauvau, fils du prince de Craon et frère de la favorite en titre, la marquise de Boufflers ?

Procès retentissant aux rebondissements les plus extravagants, l'affaire Alliot, pendant plus de deux ans, va mettre en branle le tribunal de l'official à Toul, la Cour souveraine de Lorraine, le Châtelet et le Parlement de Paris. Connu à travers les sources judiciaires et mémoires d'avocats, ce procès permet de pénétrer le monde clos des grandes familles, livre les stratégies des lignages et surtout révèle un père très absolu dans sa famille, sacrifiant sans pitié la liberté de ses enfants aux intérêts supérieurs du lignage. François-Antoine Alliot, l'intendant du palais, serviteur probe, intègre et laborieux, est aussi un père très excessif, autoritaire et rigide à l'excès ; Marie-Louise en éprouvera toutes les rigueurs et son jeune frère, déporté à la Désirade, en épuisera toutes les cruautés. Parfaite illustration des abus criants du pouvoir paternel - le triomphe de l'absolutisme s'est accompagné du renforcement des pouvoirs des pères sur leur progéniture - il est déjà, en ce milieu XVIIIe siècle, un modèle archaïque ; dès la seconde moitié du siècle, le débat se nourrit des idées des Lumières ; les aspirations individuelles commencent à l'emporter sur les impératifs familiaux ; philosophes et magistrats dénoncent l'arbitraire qu'il soit royal ou familial.

Traditionnellement la sphère familiale est identifiée au privé, mais cellule de base de toute société, elle est une institution trop sérieuse pour être laissée à l'anarchie des comportements individuels. Aussi l'État, l'Église, comme le révèle l'affaire, ont-ils volontiers prêté main forte au chef de famille, fut-il comme Alliot un père intraitable, parfaite illustration de la tyrannie paternelle. A ce titre, le fait divers est bien un fait d'histoire qui dévoile le fonctionnement d'une société, ses systèmes de valeurs, ses représentations et révèle, au-delà du cas particulier des deux héros involontaires de cette scandaleuse affaire, bien des traits collectifs d'une société en mutation.

Biographie

Marie-José Laperdie-Fournd est maître de conférences à l'Université Nancy 2. Auteur d'une thèse sur La population du duché de Lorraine de 1580 à 1720 parue aux Presses universitaires de Nancy en 1985, elle vient de publier aux éditions du CTHS en 2006 L'intendance de Lorraine et Barrois à la fin du XVIIe siècle, édition critique du « Mémoire pour l'instruction du duc de Bourgogne ». Spécialiste en Lorraine d'histoire sociale et d'histoire de la famille, elle s'est intéressée, en une vingtaine d'articles, à divers thèmes tels que l'infanticide à l'époque moderne, la séparation de corps sous l'Ancien Régime et le divorce à Nancy sous la Révolution, les mariages de proches parents ou les stratégies matrimoniales des protestants messins de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle...

Avis des lecteurs

Du même auteur : Marie-José Laperche-Fournel